Le plan de Victoria

-         Espionnage industriel ? Dis-m’en plus.

-         C’est simple. J’ai entendu dire que Jabot voulait créer une ligne de vêtement pour ado et enfant mettant en valeur leur maquillage. Il faudrait que tu te fasses engager chez eux. Avec tout ton répertoire tu leurs ouvrira les portes des clientes les plus fortunées de New-York. Mais en réalité tu travailleras pour Newman Entreprise. Je mettrais moi aussi en route une ligne de vêtement dans le département cosmétique, j’engagerais un styliste sans grande envergure qui modifiera un détail ou deux et m’arrangerai pour lancer notre ligne avant Jabot. Personne n’achètera leur collection car j’aurais en main toutes les formules et je pourrai les devancer. Ils perdront de l’argent : beaucoup, énormément d’argent. Ils n’auront plus d’argent pour vivre et ce jour-là, Jack Abbott sera obligé de vendre.

-         Je doute fortement que Jack acceptera de vendre la société de sa famille à Newman. Il préférait déclarer la faillite et même comme ça jamais il ne vendra à Newman Entreprise.

-         Il le fera. Il déclara la faillite et c’est là que Newman Entreprise interviendra ou du moins l’une de nos société écran. Je rachèterais Jabot bien en deçà de sa valeur réelle et elle deviendra une filiale de Newman Entreprise.

-         J’hésite. J’adorerais me venger de Billy mais il s’agit tout de même de l’héritage de ma fille.

-          S’il elle le souhaite Delia aura sa place chez Newman.  Je pensais justement élargir notre ligne de cosmétique à une ligne pour adolescent. Delia pourrait en être notre effigie.

-         Je doute que Billy acceptera la laisser travailler pour la société rivale de sa famille.

-         Chloe, réfléchi à ma proposition. De toute façon avec ou sans toi Jabot appartiendra tout ou tard à Newman Entreprise. Si tu travailles pour moi, tu auras non seulement plus d’argent que tu ne peux en rêver et Delia sera connu dans le monde entier comme mannequin vedette de Newman Cosmetic. Elle représentera notre image dans le monde entier : Paris, Londres, Stockholm, Oslo, Tokyo, Sydney. Tout le monde voudra la photographier, l’interviewer. Penses-y, Chloe. Il s’agit de ton avenir et celui de ta fille. Je te laisse quelques jours pour y réfléchir mais tu comprendras que j’ai besoin d’une réponse rapide.

Victoria se leva et s’apprêtait à quitter la table quand Chloe l’interpela.

-         C’est d’accord !

Victoria revint sur ses pas et se rassit.

-         C’est d’accord ?

-         C’est d’accord. Ma fille rêve de lumière, de projecteur, de voyage, mondanité, de richesse. Ce n’est pas son père et son stupide journal qui pourront lui offrir tout ça. Ni même Jabot Cosmetic. Je ne veux pas la priver de ses rêves. Je veux qu’elle puisse réaliser le moindre de ses désirs. C’est la raison pour laquelle j’ai adopté Bella. Delia voulait une sœur alors je lui en ai offert une.

-         Tu l’as adopté ? Je croyais que c’était ta fille et celle de Robert ?

Chloe regarda tout autour d’elle avant de se retourner vers Victoria.

-         Victoria, nous sommes amies, n’est-ce pas ? Je peux te faire confiance, tu ne répéteras jamais à personne ce que je m’apprête à te dire.

-         Tu as ma parole.

-         OK, parce que si cela se savait je risquerais la prison, je ne pourrais pas t’aider dans ta soif de vengeance envers les Abbott.

-         Revanche.

-         Appelle ça comme tu veux et ma fille devra renoncer à tous ses rêves. Bien sûr il y’a l’héritage de Md Chancellor mais cela ne suffit pas à payer toutes ses ambitions.

-         Chloe, tu as ma parole d’honneur : jamais je ne dévoilerai ton secret quelque puisse être.

-         Je n’ai pas dit toute la vérité concernant ma rupture avec Roger tout à l’heure. Mes rapports avec Roger n’étaient plus au beau fixe. Delia voulait une petite sœur, or il ne voulait plus d’autres enfants. Je n’ai pas menti là-dessus. Alors nous avons mis fin à notre mariage.

-         Tu étais mariée ? Je ne l’ai jamais su.

-         J’avais exigé que notre union reste secrète. Je ne voulais pas que cela se sache. Tout le monde devait penser que nous étions simplement amants. Les choses s’étant dégénérées nous avons pris la décision de nous séparer. Lors de notre mariage il fut établi qu’en cas de divorce, Roger me verserait un montant de 1000000 $ d’un trait et 300000 $ par semaine. Crois-moi ce n’est qu’une goutte d’eau dans son immense fortune et en contrepartie je ne chercherais pas à lui nuire en aucune façon ni essayerait de me rapprocher de son fils. Si je te raconte tout ça c’est parce qu’il y’a un lien avec Bella.

-         Bella n’est pas sa fille ?

-         Roger avait pratiqué une vasectomie irréversible bien avant notre rencontre. Il me l’avait dit et cela ne me gênait pas car je ne voulais pas d’autre enfant. Delia est si parfaite. Je ne pourrais pas rêver d’une petite fille plus parfaite que ma Delia. Mais comme je te l’ai dit, je veux exécuter le moindre de ses souhaits. Même les plus extravagants et c’est pourquoi quand elle a voulu une petite sœur, j’ai fait une demande d’adoption mais j’étais trop loin sur la liste d’attente. C’est alors entendu parler d’un réseau au marché noir. Une femme était sur le point d’accoucher d’une petite fille. Il lui restait environ un mois avant l’accouchement. Delia ne voulant pas attendre. J’ai proposé de payer plus cher que la somme demandée s’ils me trouvaient un bébé fille immédiatement. Quelques jours plus tard je reçu un coup de téléphone le bébé était là.

Victoria avait écouté Chloe sans l’interrompre dans son récit. Concernant l’amour de Chloe pour sa fille, elle s’était attendue à beaucoup de chose, mais là… Victoria ne savait quoi penser de toute cette histoire.

-         Chloe, tu as acheté un enfant ?

-         Victoria, si tu avais une fille aussi parfaite que Delia…tu ne reculerais devant rien pour satisfaire le moindre de ses désirs.

-         Chloe, le commerce d’êtres humains est un crime fédéral paisible d’une lourde peine de prison. D’où vient cet enfant ? Est-il américain ?

-         Je suppose. Je n’ai pas été cherché son ADN. Je voulais un bébé en parfaite santé, je l’ai eu. C’est la seule chose qui m’intéresse. Je me fiche de savoir si elle est oui ou non américaine. 

-         Tout comme tu te fiche de savoir qui sont ses parents, ce qu’ils font, s’ils ne se demandent pas où est passé leur fille…

Chloe regarda Victoria, imperturbable.

-         Oui !

Victoria ne savait quoi penser de tout ça. D’un air cynique, Chloe la toisa.

-         Je t’ai connu moins à cheval sur la loi. À l’époque où Billy était revenu à la maison avec Lucy, tu n’as pas cherché à en savoir plus sur elle.

-         Tu ne peux pas comparer ma situation à la tienne. J’étais mariée, je venais de perdre mon enfant, je savais que je ne pourrais plus jamais en avoir. J’avais sombré dans la dépression. Je croyais que tout était parfaitement légal. Il ne s’agissait en aucune façon à satisfaire les caprices d’une adolescente ! Je vais de ce pas te dénoncer à la police ! dit Victoria tout en se levant.

-         Si tu fais un pas de plus je dirai à Billy tout ce que je sais sur ton projet et ton plan tombera à l’eau avant même d’avoir vu le jour.

-         Tu me menaces maintenant ? Tu n’as aucune preuve.

Chloe sortit alors son lecteur MP3 et appuya sur lecture. Le visage de Victoria pâlit. Chloe avait enregistré toute la conversation. Chloe, elle, resta impassible.

-         J’ai déjà d’autre copies. Avoir été marié avec Kevin m’a aidé à en apprendre plus dans le domaine de la technologie. Si je tombe, tu tombes avec moi.

Victoria se rassit.

-         Je croyais pouvoir te faire confiance. Je croyais que nous étions amies.

-         Nous le sommes. Jusqu’à un certain point. Ma fille passera toujours avant tout le monde. Je veux qu’elle devienne riche et célèbre un jour. Elle aura le monde à ses pieds. Mais avant cela je ne reculerais devant rien pour lui donner ce qu’elle désire.

 Dans les semaines qui suivirent Victoria, probablement pour la première fois de sa vie, se sentait comme prise au piège. Si elle dénonçait Chloe pour commerce d’être humain, Chloe ferait alors écouter à Billy son plan pour s’emparer de Jabot et ainsi elle ne pourrait jamais venger la mémoire de son père et elle ne pourrait même pas demander à Hillary de prendre le faire car et d’un celle-ci était une excellente secrétaire de direction, mais voilà, c’était juste une simple assistante, non une styliste. Elle n’avait pas les compétences requises ni le carnet d’adresse de Chloe. De plus, elle n’avait pas semblé motivé par cette attaque. Quelle option lui restait-il ? Engager un illustre inconnu pour faire ce travail n’était pas dans l’ordre du possible. Il lui fallait une personne de confiance qui connaissait l’histoire de la famille Newman et Abbott. Bien sûr elle pouvait toujours renoncer mais rien ne lui certifiait que Chloe ne raconterait rien. Non, elle n’avait pas le choix : elle devra composer avec Chloe. Elle prit son téléphone et composa son numéro.

En voyant le nom de Victoria s’affichait sur l’écran, Chloe sourit. Elle comprit.

-         Allo !

-         C’est d’accord, dit Victoria laconique et raccrocha aussitôt.