Un froid s’était installé entre Angelina et Kevin.
-
Je vais préparer le diner. Des œufs brouillés ça te va ?
-
Ce n’est pas nécessaire, il reste des plats cuisinés au congélateur. Cela fera l’affaire.
-
OK.
***
Après avoir raccroché avec sa femme, Thomas se dirigea vers Angelo mais ce dernier sortit à son tour son téléphone et sans lire ses messages composa le numéro de son gendre. En voyant le nom de son beau-père s’affichait Kevin éprouva un soulagement.
-
Angelina, c’est ton père ! Angelo, enfin c’est vous ! Ou êtes-vous ? Est les enfants sont avec vous ?
-
Kevin, ou diable as-tu emmené le corps de ma princesse ? Tu n’aurais quand même pas osé l’enterrer sans ma présence parce que je te préviens si tu as osé faire une telle chose tu n’as pas fini d’entendre parler de moi…
-
Angelo, calmez-vous !
-
Comment ça je me calme ? Ma princesse, mon unique enfant est morte et je n’ai pas même pas lui dire au revoir parce que j’ignore ce que tu as fait de son corps puisqu’il n’est d’aucune morgue de la ville !
-
Morgue de la ville ? Alors vous êtes à Logan ?
-
Bien sûr que je suis à Logan ou crois-tu que je sois ?
-
Manifestement vous n’avez pas écouté mes messages. Angelo, Angelina n’est pas morte.
-
Quoi ? Sur internet…
-
Je sais ce qu’ils disent sur internet mais c’est une fake news. Angelina n’est pas morte. Elle va bien. Si vous aviez écouté mes messages vous le sauriez. Est-ce les enfants sont avec vous ?
-
Bien sûr qu’ils sont avec moi où veux-tu qu’ils soient ? Mais tu ne m’as toujours pas dit où se trouve ma princesse ? Est-elle grièvement blessée ? Dans quel hôpital se trouve-t-elle ?
-
Vous n’avez rien écouté de ce que je vous ai dit : Angelina va bien. Elle va très bien. Je vous expliquerai tout quand que vous serez à la maison. Pour l’amour de Dieu, Angelo, quittez donc cet endroit sinistre et venez à la maison !
***
Un quart d’heure plus tard la voiture s’arrêta devant chez Angelina et Kevin. Les enfants descendirent en premier et coururent se jeter dans les bras de leur mère qui en voyant la voiture sortit les accueillir.
-
Maman ! dit Alana en pleurant. Maman, Maman, je suis désolée, je regrette d’avoir été méchante avec toi. Je croyais que tu allais partir, nous abandonner Papa et nous pour aller vivre avec ce type. Je suis désolée.
-
Alana, mon bébé. Tout va bien, ma chérie, tout va bien, dit-elle en embrassant sa fille.
-
Maman ! Sur internet ils disaient que tu étais morte, dit Lisandro en embrassant sa mère.
-
Mais tu vas bien ? Dis ? Tu n’es pas blessée ?
-
Je vais bien, Alana et maintenant que vous êtes là ça va aller encore mieux.
-
Angelina, quel bonheur de te voir saine et sauve. Quand Sally me l’a annoncé je n’arrivais pas à y croire puis Caroline l’a confirmé.
Angelina sourit.
-
Entrons à la maison se sera plus facile pour discuter.
-
J’ai faim, Maman, dit Kaylan, trop jeune pour comprendre ce qui se passait.
Elle rit.
-
Je pense pouvoir y remédier.
Une heure et demie plus tard quand les enfants furent rassasiés et les plus jeunes endormis, Angelina regagna le salon.
-
Bien maintenant que tout le monde a bien mangé et Grace et Kaylan endormis vas-tu enfin nous raconter ce qui s’est passé ? Est-ce ce type, ce Kyle a vraiment essayé de tuer ou là aussi les journaux ont tout inventé ?
-
Il a vraiment essayé, même si je ne suis pas sure qu’il avait véritablement conscience de ce qu’il faisait.
-
Que veut tu dire par là ? demanda Angelo en fronçant les sourcils.
Angelina se sentit prise entre le marteau et l’enclume. Son père ne lâcherait pas l’affaire tant qu’il ne connaitra pas l’histoire mais comment en parler sans impliquer la jalousie de son mari ?
-
Kyle a… Kyle est homosexuel mais il ne voulait pas que cela se sache.
-
Ça veut dire qu’il aime les garçons ? Demanda Lisandro.
-
Oui, chéri, c’est ce que cela signifie.
-
Pourquoi il ne voulait pas le dire c’est idiot. La maman de Caroline aime une autre femme et comme ça Tante Caroline a deux mamans. Ce n’est pas grave.
-
Tu as raison, chéri, ce n’est pas grave du tout mais certaines personnes voient les choses de manière différente et cela peut avoir des conséquences désastreuses.
Ce fut Caroline qui vint au secours de son amie en voyant son embarras.
-
Lisandro, tu es trop jeune pour le savoir mais autrefois les gens, la société n’acceptait pas les personnes homosexuelles et les rejetaient. Aujourd’hui encore certaines personnes sont restées comme ça et c’est pourquoi Kyle avait peur de le dire.
-
OK, cet homme est homosexuel et ne voulait pas que cela se sache mais cela n’explique pas pourquoi il t’a tiré dessus.
Angelina était de plus en plus mal à l’aise. Son père ne lâcherait pas l’affaire avant de connaitre toute l’histoire.
-
J’étais au courant de son secret et je m’apprêtais à tout raconter.
-
Tout raconter ?
-
Kyle m’avait mise dans la confidence en me demandant de ne pas l’ébruiter mais au lieu de ça je l’ai trahi.
-
Tu l’as trahi ?
-
Oui. En dévoilant son secret. Pourrions-nous arrêter de parler de ça ? Le principal est que j’aille bien.
-
Princesse, pourquoi ai-je le sentiment que tu me cache quelque chose ?
Angelina ne répondit pas et baissa les yeux.
-
Peut-être Angelina estime-t-elle que cela ne vous regarde pas, Angelo.
-
Caroline, vous êtes peut-être la meilleure amie de ma princesse mais elle est avant tout ma fille et un homme à chercher à la tuer. Je dois savoir pourquoi afin de mieux la protéger à l’avenir.
-
Je n’ai pas besoin que tu me protège, j’ai Kevin pour ça.
-
Princesse, tu sais que j’aime ton mari comme mon propre fils mais dois-je te rappeler qu’il est en fauteuil roulant. Comment pourrait-il te protéger ?
-
Il l’a pourtant fait.
-
Angelina, non !
-
Je regrette, Kevin mais il doit savoir. Je ne laisserai pas mon père ou qui que ce soit d’autre t’humilier et encore moins devant nos enfants qui au contraire le droit de savoir quel genre d’homme est leur père. Ils ont le droit de savoir que leur père est un héros qui a sauvé la vie de leur maman au péril de sa vie. Cet homme, cet homme exceptionnel qu’est mon mari et dont tu ne vois que la paralysie, quand Kyle a pointé son arme sur moi, Kevin s’est brutalement levé de son fauteuil roulant pour se jeter sur lui et lui faire tomber son arme. Voilà quel genre d’homme est mon mari. Alors je t’interdis, à toi comme à n’importe qui d’autre, de parler de lui comme d’un infirme bon à rien.
-
C’est vrai, Papa ? Tu as sauvé la vie de Maman ? dit Lisandro les yeux émerveillés. Alors tu es un héros ! dit-il en étreignant son père de ses petits bras.
-
Papa ! dit Alana en s’élançant vers lui à son tour, tu as sauvé Maman, tu as sauvé Maman ! Tu es un vrai héros ! Tu entends, Shirel, Papa est un héros !
-
Les enfants, les enfants, vous m’étranglez, réussi-t-il à articuler tout en s’arrachant à l’étreinte de ses enfants.
Michael le jaugea puis regarda Angelina et ensuite Caroline. Ce fut elle qui donna le signal de départ.
-
Il est tard. Angelina et Kevin ont certainement besoin de se retrouver en famille. Nous devrions rentrer.
-
Je ne sais pas pour vous, Angelo, mais en ce qui me concerne je suis épuisé par ce voyage. Michael, vous venez aussi ?
***
Angelina rejoignit Kevin dans le salon après avoir mis les enfants au lit.
-
Ils dorment ?
-
Oui, ils se sont finalement endormis après avoir parlé une bonne demie heure de cape et d’épée, particulièrement Lisandro. Alana quant à elle a hâte de retrouver ses copines pour leur raconter que son père est un héros qui a sauvé sa mère d’une mort certaine.
-
Pourquoi m’avoir fait passé pour un héros ?
-
Je n’ai rien inventé. Si je suis en vie c’est grâce à toi.
-
Pourtant je ne me sens pas l’âme d’un héros : loin de là. C’est même plutôt le contraire. Ton père se doute de quelque chose, il a senti le froid entre nous. Tu le connais il n’est pas stupide, il voudra savoir ce qui s’est réellement passé.
-
Mon père est le dernier de mes soucis. Où en sommes-nous, Kevin ?
-
Je t’aime, Angelina. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé. Je suis désolé d’avoir manqué de confiance en toi. Depuis ce fichu accident…
-
S’il te plait, Kevin, ne te refugie pas derrière ton accident cela ne prend plus. Je sais tout ce que tu as traversé avec Tom le terrible, Jana et Chloe. Pourtant tu sais à quel point je t’aime. À quel point je t’ai toujours aimé. Je me suis sacrifiée pour te donner ce que tu voulais et quand ensuite tu es revenu dans ma vie et m’a demandé en mariage, je n’ai pas hésité : j’ai dit oui. Ta famille, tes amis ont tout tenté pour nous séparer : en vain. Par la suite notre fille nous a été enlevée durant deux ans mais là encore, là ou bien des couples n’auraient pas résistés, nous nous y sommes parvenus.
-
Tu ne m’avais alors donné aucune raison de douter de toi. Mets-toi cinq minutes à ma place, Angelina, comment aurais tu réagi en me voyant dès la moindre occasion avec une autre femme.
-
J’ai ma part de responsabilité, je l’admets. J’aurais dû te révéler depuis le début le secret de Kyle et je me suis excusée pour ça mais même quand tu as su qu’il était homosexuel, tu m’as demandé si je n’étais pas tombée amoureuse de lui.
-
Tu as passé des mois complets avec lui à travers tout le pays et il y’a eu cet article paru sur internet. Tu m’as donné quelques vagues explications sur ton geste et je t’ai cru sans poser plus de questions. Mais ensuite il s’est installé à Logan et vous passiez de plus en plus de temps ensemble. Il était partout où tu étais et jamais là où il devait se trouver. Alors, oui, Angelina, je te le demande une fois encore : mets-toi cinq minutes à ma place et dis-moi comment j’aurais pu réagir lorsque à chaque fois que je levai les yeux je te voyais avec lui. Un homme beau et séduisant avec lequel tu partages le gout de la musique et qui surtout n’est pas impotent.
-
Et gay. Kyle est gay. Kevin, tu m’as posé une question à laquelle je n’ai pas répondu parce que je me suis sentie offensée. Pourtant si je ne le fais j’ai le sentiment que notre mariage n’y résistera pas et je t’aime bien trop pour laisser une telle chose se produire. La réponse est non, Kevin. Non je ne suis à aucun moment tombée amoureuse de Kyle Taylor parce que tu es le seul homme que j’aimerai jamais et avec qui je veux vivre.
Kevin sourit. Elle sourit en retour et s’embrassèrent.
-
Une dernière chose, Kevin Fisher, sache que tu n’es pas impotent. Je t’interdis, je te défends de répéter cela à l’avenir. Tu es loin de l’être et je te rappelle au cas où que je te dois la vie.
-
Je t’aime.
-
Je t’aime, moi aussi. Dans un sens quand on y pense je devrais me sentir flattée que tu es pu être jaloux pensant que j’ai pu tomber amoureuse d’un autre. Je me souviens d’une époque où c’est moi que tu utilisais pour rendre jalouse une autre.
-
J’ai fait ça moi ? dit-il faignant la surprise.
-
Hum, hum, dit-elle en souriant et hochant de la tête.
-
Cela devait être dans une autre vie alors, dit-il en plaquant ses lèvres sur les siennes.
-
Une autre vie oui, dit-elle en l’embrassant de plus en plus langoureusement.
-
Probablement, dit-elle le souffle coupé en répondant à ses baisers.
Ils étaient lovés l’un contre l’autre, la tête d’Angelina sur le torse nu de Kevin qui l’entoura de ses bras tout en embrassant ses cheveux bruns savourant l’un et l’autre le bonheur retrouvé.
-
N’as-tu rien constaté d’inhabituel chez Shirel ce soir ? demanda-t-elle. Alana et Lisandro se sont littéralement jeté à mon cou mais Shirel semblait…absente.
-
Les journaux en ligne ont annoncé que tu étais gravement blessée puis décédée des suites de tes blessures alors qu’elle était loin de la maison. Dieu merci il n’en est rien. Tout ceci a dû quelque peu la perturber. Une bonne nuit de sommeil dans son lit et dès demain notre espiègle petite fille sera redevenue elle-même.
-
Je l’espère.
-
Qu’est ce qui t’inquiète ?
-
J’n’en sais rien. Il se pourrait que je me montre un peu trop protectrice avec elle après ce qu’elle a vécue. Deux ans loin de chez nous. Deux longues années où nous la crûmes morte.
-
Dieu merci elle nous est revenue. Shirel ne parle plus du tout de son enlèvement ni de ce type.
-
Tu oublies la fois où elle demanda si Kyle était semblable à Elliot. Kyle, bon sang ! Pourquoi n’ai-je pas pensé plus tôt ?
-
Pensé à quoi ? Chérie, de quoi parles tu ?
-
Kyle.
-
Quoi Kyle ?
-
Il était censé être son coach dans The Voice. J’avais totalement oublié l’émission. Maintenant qu’il est en prison il ne pourra certainement pas tenir son rôle de coach.
-
Qu’il le puisse ou non je refuse de voir ce type s’approchait de nouveau de ma famille. Ce malade a bien failli te tuer à cause de son sacrosaint secret.
-
Je sais et je ne le veux pas non plus mais Shirel doit être déçue de ne pouvoir participer à l’émission. Elle a beaucoup travaillé pour ça.
-
Ne vont-ils pas changer de coach maintenant qu’il est en prison ?
-
Il se pourrait qu’il soit libéré sous caution.
-
Certes mais reste à savoir si les autres parents accepteront qu’un homme qui tente de tuer une femme s’approche de leur enfant ?
Angelina sourit.
-
Pas faux. Ceci dit je lui parlerai demain.
Kevin attira Angelina vers lui.
-
Notre fille est exceptionnelle : elle n’a nul besoin de The Voice pour réussir. Elle t’a toi et s’il le faut nous l’inscrirons à des cours de chant. Nous ferons tout ce qui est possible afin qu’elle puisse réaliser son rêve et devenir chanteuse.
Angelina sourit. Elle se retourna à califourchon sur Kevin.
-
Tu es le meilleur mari et meilleur père au monde.
-
Et comme amant ? dit-il malicieux.
-
Tu es doué dans tous les domaines, mon amour.
-
Je t’aime.
-
Moi aussi, je t’aime.
Ils refirent l’amour puis finirent par s’endormirent lovés dans les bras l’un de l’autre, quand des pleurs d’enfant les réveilla.
Angelina se redressa, le bras de Kevin entourant ses reins nus. Ils écoutèrent afin de savoir d’où venaient les pleurs qui recommencèrent.
-
C’est Shirel ! Je vais voir ce qui se passe, dit Angelina en enfilant un peignoir sur son corps nu.
Angelina arriva à la chambre que les jumelles partageaient.
-
Non ! Non ! Je veux pas, disait la fillette en se débattant dans son lit. C’est faux !
-
Shirel, Shirel, ma chérie, c’est Maman, réveille-toi, mon trésor.
Les larmes coulèrent sur le visage de la petite fille.
-
Non ! Non ! Je veux pas ! C’est pas vrai ! Non !
Les pleurs de sa sœur réveillèrent Alana qui alluma sa lampe de chevet et se redressa sur son lit.
-
Maman ? Qu’est-ce elle a Shirel ?
-
Ta sœur fait un cauchemar, ce n’est rien. Je vais la réconforter et toi rendort toi. Shirel, ma puce, c’est Maman.
En entendant la voix calme et rassurante de sa mère, la petite fille se réveilla le visage en larme.
-
Maman ! dit-elle en jetant ses petits bras autour du cou de sa mère. Maman, c’est bien toi ?
-
Oui, mon bébé, c’est bien moi.
-
Maman ! J’ai eu si peur quand ils ont dit que tu étais morte. Je veux pas que tu meurs, Maman : jamais !
-
Ma puce, ne t’inquiètes pas. Je ne vais pas mourir. Pas avant de nombreuses années quand vous serez tous adultes avec votre propre famille.
-
J’ai eu tellement de peine quand ils ont dit que Kyle t’avait blessée et ensuite ils ont dit que tu étais morte. Je croyais qu’on ne te reverrait jamais comme lorsque Eliott m’avait enlevé.
-
C’est vrai, Maman, Shirel, Lisandro et moi nous l’avons cru mais nous devions masquer notre chagrin pour ne pas faire de peine à Grand-père et Grace et Kaylan ne pouvaient pas comprendre.
-
Je sais, mes chéries, je sais, dit-elle en enlaçant ses deux filles. Moi aussi j’ai eu peur pour vous en lisant l’article. J’ai essayé de joindre Grand-père par téléphone mais je tombais sur sa messagerie. Papa a alors eu l’idée de publier un démentit sur mon site internet pensant que vous le liriez. J’étais loin de me douter que vous ne pouviez pas y accéder.
-
Qu’est ce qui va se passer maintenant ?
-
Je ne sais pas, chérie. Kyle a été arrêté, l’affaire est entre les mains de la justice. Je ne sais pas du tout s’il sera libéré sous caution mais une chose est certaine, même si c’est le cas, chérie, je doute qu’il puisse reprendre son fauteuil de coach et de toute façon, Papa et moi ne voulons plus que tu t’approches de lui.
-
Je croyais qu’il était gentil, pas comme Eliott.
-
Shirel, ma chérie, Kyle n’est pas comme Eliott.
-
Comment peux-tu dire ça, Maman après ce qu’il t’a fait. C’est exactement comme lorsque Eliott a tiré sur Papa.
-
Non, Alana, c’est différent. Eliott était quelqu’un de mauvais. Tu l’as peut-être oublié mais pendant des mois il me suivait dans tous mes déplacements, m’envoyer des mails puis des lettres et il a fini par kidnapper ta sœur en lui faisant croire que nous ne voulions plus d’elle et à nous qu’elle était morte. Tu te souviens ? Pendant deux ans il emmené vivre loin de nous : sa famille et peut être ne t’aurions-nous jamais retrouvé, mon ange, si nous n’étions pas partis en vacances pour voir le chat maire. Kyle est malade : c’est différent.
-
Pourquoi il ne se fait pas soigner dans ce cas ? dit Alana.
-
Ce n’est pas aussi simple, chérie. Kyle souffre d’une maladie difficilement détectable et lorsque on la découvre elle est très difficile à soigner. Parfois même impossible.
-
Est-ce tu l’aimes, Maman ?
-
J’ai pitié de lui, Alana mais je ne l’aime pas.
-
Est-ce Papa et toi allez divorcer ?
-
Shirel ! Non ! voyant, chérie, qu’est ce qui t’as mis une telle idée dans la tête ? Je viens de le dire à ta sœur : je n’aime pas Kyle. J’ai de la peine pour lui mais je ne suis pas amoureuse de lui.
-
Parce que il est homosexuel ?
-
Non, Alana, ce n’est pas pour cette raison si je ne l’aime pas. Je l’aimerais pas même s’il avait été hétérosexuel. J’aime votre père et personne d’autre.
-
Mais il y’a des gens à la plage qui disaient que tu allais quitter Papa parce que il est dans un fauteuil roulant.
-
Shirel, j’aime ton père plus que les mots peuvent le dire. Je l’ai toujours aimé et je l’aimerai jusqu’à ma mort. Jamais je ne le quitterai.
-
Pourtant quand on est parties chez Grand-Père vous n’arrêtiez pas de vous disputer, dit Shirel.
-
Nous avons traversé une mauvaise passe mais c’est fini. J’aime votre père et il m’aime, notre mariage est solide.
Angelina sourit.
-
Mes chéries, quand on aime quelqu’un autant que j’aime votre père alors ce n’est pas un stupide fauteuil roulant qui va pouvoir changer ça. Quand on se marie on prononce des vœux de nous aimer dans la richesse comme dans la pauvreté, la maladie ou bien portant. Beaucoup de gens ne mesurent pas l’ampleur de leur engagement et prononcent ces mots sans les penser mais moi oui. Je pensais chaque mot que j’ai dit ce jour-là. Croyez-moi, mes chéries quand on tombe amoureuse de votre père c’est pour la vie, dit-elle en souriant et enlaçant ses enfants. Un jour vous tomberez amoureuse à votre tour et alors vous comprendrez les sentiments qui me lient à Papa. Il se fait tard. Vous devriez essayer de dormir un peu si vous ne voulez pas être en retard à l’école demain.
-
Oh non alors ! J’ai très envie de raconter à mes copines que Papa est un vrai héros !
Angelina sourit.
-
Je t’aime, Maman, dit Alana.
-
Je t’aime, moi aussi, ma puce.
-
Moi aussi, je t’aime. Je suis contente que Papa et toi n’allez pas divorcer. Douglas dit que c’est cool d’avoir deux maisons mais je ne trouve pas.
-
C’est bien si Douglas le prend comme ça mais en ce qui te concerne tes frères et sœurs et toi, vous n’avez pas à vous inquiéter. Papa et moi avons eu quelques problèmes mais nous les avons résolus. Rien ni personne n’arrivera jamais à nous séparer. Je te le promets.
Les yeux brillants de joie, Shirel jeta ses bras autour du cou de sa mère qui l’enlaça d’une main et de l’autre attira son autre fille.
-
Allez, il est temps de dormir maintenant ! Bonne nuit, mes chéries.
-
Bonne nuit, Maman.
-
Bonne nuit, Maman.
Angelina sortit de la chambre de ses ainées en éteignant la lumière. Aucune d’entre elles ne se rendirent compte de la présence de Kevin dans la chambre. Quand Angelina le rejoignit elle le trouva tranquillement allongé faisant semblant de dormir. Elle se lova contre lui qui fit mine de se réveiller.
-
Comment va Shirel ?
-
Bien mieux. Je t’expliquerai demain. Je t’aime.
-
Je t’aime, moi aussi.
Le reste de la nuit se passa sans encombre. Shirel se rendormit paisiblement et le lendemain tout le monde reprit le chemin de l’école y compris les plus jeunes qu’Angelina conduisit à la garderie tandis que Kevin sortit Utah.
-
Tout s’est bien passé ? Les enfants n’ont pas trop pleuré ? s'enquit Kevin.
-
Ils ont un peu pleuré au début mais des le moment où ils virent Mickey je n’existais plus.
Kevin sourit.
-
Cela aurait été dommage de leur faire rater ça et puis cela nous permet de rester un peu seul tous les deux.
Angelina sourit.
-
Ou est Utah ?
-
Il dort dans son panier dans la chambre des filles.
-
Bien.
-
Les enfants avaient hâte de retrouver leurs copains. Y compris Shirel. Chérie ! Je dois t’avouer quelque chose, hier soir quand Shirel fit son cauchemar, je t’ai rejoint dans la chambre où j’ai tout entendu de que tu as dit aux filles.
-
Je n’ai rien dit de mensonger. Chéri, tu t’es comporté comme un héros.
-
Je n’ai pas du tout la sensation d’en être un pourtant. N’importe qui en aurait fait autant dans ma situation.
-
N’importe qui n’est pas forcement en fauteuil roulant. Kevin, tu réalises que tu t’es mis debout en te jetant sur Kyle pour qu’il jette son arme ?
-
Non, en réalité je n’avais rien réalisé. Sur le moment j’ai vu cet homme braqué une arme sur toi. J’ai eu peur de te perdre, toi l’amour de ma vie. Je n’ai rien calculé, j’ai agi sur l’instinct en oubliant mon handicap. Ne me demande pas comment mes jambes m’ont porté, je n’en sais rien du tout.
Angelina s’approcha de lui et plaqua ses lèvres sur celles Kevin.
-
Je t’aime.
-
Je t’aime, moi aussi.
-
Chéri, en parlant d’handicap, nous devons discuter du jour où tu as vu…
On sonna à la porte.
-
Je vais ouvrir. Nous reprendrons cette conversation plus tard avant le retour des enfants. Papa ! Je ne m’attendais pas à te voir. Je te croyais reparti avec Caroline et Thomas dans le jet des Forrester. J’imagine qu’il a été réparé ?
-
Tu imagines bien. Il est question que je rentre avec eux mais d’abord je veux que tu… Kevin ? Que faites-vous ici ?
-
J’habite ici aux dernières nouvelles.
Angelina rit.
-
OK alors cela m’évitera de vous interroger l’un après l’autre pour savoir ce qui se passe entre vous.
-
Il ne se passe absolument rien, Angelo.
-
Ne me raconte pas d’histoire, Kevin, hier j’ai bien senti un malaise entre vous deux. Je veux savoir de quoi il retourne. Je n’aime pas voir ma princesse malheureuse.
-
Moi non plus.
-
Papa, Kevin et moi avons une mauvaise passe mais c’est fini. Le malentendu est réglé et nous nous aimons plus que jamais.
-
Tu ne vas pas me dire ce que c’est ?
-
Papa !
-
Angelina, Princesse, je suis ton père. Je t’ai élevé depuis le tout premier jour. J’ai le droit de m’inquiéter pour toi. Un homme te dire dessus dans ta propre maison, tu me pardonneras de m’inquiéter pour toi et de comprendre ce qui s’est exactement passé.
-
Ton père a le droit de savoir, chérie.
-
Kevin, non.
-
Mon amour, imagine un instant que ce soit l’un de nos enfants. Toi comme moi ne pourrons nous empêcher de nous inquiéter pour eux. N’est-ce pas ?
Angelina eut un léger sourire.
-
OK. Les journalistes ont dit vrai sur une chose : Kyle est homosexuel mais il ne voulait pas que cela se sache. Il me le confia lorsque nous étions en tournée pour Grease parce que je lui rappelai sa sœur disparue qui de son vivant était la seule personne au monde à être au courant du secret de son frère. En dehors de moi il ne voulait que personne d’autre l’apprenne. J’ai donc gardé le secret. Je n’ai rien dit à personne pas même à mon mari. La tournée étant finie je suis rentrée chez moi oubliant jusqu’au secret de Kyle. Je ne pensai pas que cela aurait une incidence sur mon mariage puisque de toute manière je ne pensai pas revoir Kyle Taylor de sitôt. Seulement suite à un concours de circonstances je revis Kyle très, trop souvent sans doute. Je tentai à mainte reprise de le convaincre d’avouer son homosexualité à ses parents mais aussi à ses fans en lui assurant que cela n’aurait aucun impact sur sa vie mais rien n’y fit. La presse commença à raconter tout et n’importe quoi à notre sujet mais je pensai sincèrement que Kevin n’y prêterait aucune attention puisque à mon retour de tournée je lui avais assuré mon amour. J’avais tort. Kevin pensant que j’allais l’abandonner pour un autre. Valide. J’eu beau lui dire qu’il ne se passait rien entre Kyle et moi il ne me croyait pas. Notre mariage commença à battre de l’aile et c’est pourquoi nous avons voulu préserver nos enfants en les envoyant chez toi. Plus d’une fois je demandai à Kyle l’autorisation d’en parler à Kevin. Plus d’une fois il refusa. La veille de la fusillade, je fini par craquer et tout révéler à Kevin mais le mal était fait : il ne me crut pas.
En narrant le récit des évènements à Angelo, Angelina senti un nœud lui monter à la gorge. Kevin prit sa main dans la sienne.
-
Ça va aller, chérie. C’est fini. Je me suis comporté comme un abruti mais je te demande pardon. Cela ne se reproduira plus.
-
Cela n’explique toujours pas pourquoi cet homme t’a tiré dessus avec une arme.
Trop émue pour parler Angelina ne fut pas en mesure de continuer le récit. Ce fut donc Kevin qui poursuivit.
-
Comme Angelina vient de vous le dire quand elle m’avoua le secret de Kyle Taylor, je ne la crus pas et je quittai alors le domicile conjugal. Je pris une chambre d’hôtel où je rencontrai Caroline qu’Angelina demanda de l’aide. Entendons-nous, Angelo, n’ayez jamais aucun doute sur l’amour que je porte à Angelina : je l’aime. Je l’aime bien au-delà des mots mais j’étais perdu. Je ne savais plus ce qu’il convenait de croire ou de ne pas croire. Au final je pris la décision de sauver mon mariage. Toutes ces années de bonheur ne pouvaient pas partir en fumée à cause d’un stupide secret qui au final ne me concernait pas. Je pris alors la décision qui s’imposait : rentrer chez moi. En arrivant je vis la voiture de Kyle garer dans l’allée. Pour des raisons de commodités je garai la voiture au garage et j’entrai par la porte de derrière où j’assistai à une discussion entre Angelina et Kyle Taylor. Angelina l’encourageant à révéler son secret au grand jour mais celui ne voulait rien entendre. Angelina lui dit alors qu’elle allait tout me révéler en lui garantissant qu’il n’aurait rien à craindre de ma part mais qu’elle devait le faire pour sauver son mariage. Or il ne voulut rien entendre, répétant sans cesse que ses parents ne survivraient pas à la perte d’un second enfant.
-
Mais ma décision était prise : j’aimais Kevin et il était hors de question de le perdre. Je m’apprêtais à sortir quand j’entendis une détonation et senti Kevin se jetant sur moi pour me protéger. Voilà, tu connais toute l’histoire à présent. Je suis mariée au plus merveilleux des hommes qui n’a pas hésité à mettre sa vie en jeu pour sauver la mienne.
Angelo sourit.
-
J’ai toujours su que je pouvais te faire confiance pour protéger ma princesse.
-
Et vous le pourrez toujours. Croyez-moi.
Quelques heures plus tard on sonna derechef à la porte. Kevin alla ouvrir.
-
Michael ! Je te croyais en route pour Genoa City !
-
Chéri, qui est ce ? Michael ! Je te croyais déjà dans ton vol de retour.
-
Mon avion a eu du retard.
-
Oh, OK ! Chéri, je m’en vais faire des courses, voudrais tu aller chercher Grace et Kaylan de la garderie ? Je n’aurai pas le temps de le faire moi-même.
-
Bien sûr, chérie : aucun problème.
-
J’ai été contente de te revoir, Michael. Salut, Christine pour moi, OK ? Dis à Fen qu’il est le bienvenu à la maison quand il veut. Les enfants seront contents de le voir, particulièrement Shirel.
-
Je lui dirai, promis.
Angelina pris ses clés de voiture et sortit de la maison.
-
Veux-tu une tasse de café ou quelque chose d’autre ?
-
Non merci, je ne suis pas venu pour ça. Cela semble s’être arrangé entre vous ou donnez-vous seulement le change ?
-
Nous ne faisons pas semblant, Michael. Angelina et moi sommes amoureux l’un de l’autre. Nous avons traversé une mauvaise passe mais c’est fini.
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Tant mieux, j’en suis heureux pour vous en revanche je me fais du souci pour toi.
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Pour moi ? Pourquoi ? Je viens te dire que tout allait bien entre Angelina et moi. Crois-moi, Michael, je n’ai jamais été plus heureux que je ne le suis depuis qu’elle est entrée dans ma vie.
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Ta vie, oui, justement parlons-en de ta vie. Depuis quand joues-tu avec celle-ci ?
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Quoi ? De quoi est-ce tu parles ?
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Ne fait pas semblant de ne pas comprendre, Kevin, tu sais très bien où je veux en venir !
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Je t’assure, Michael, je ne vois vraiment pas.
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Depuis quand joues-tu les héros en mettant ta vie en danger ? Parce que je suppose que ce qu’Angelina a raconté aux enfants hier soir est vraie ? Tu as vraiment joué les héros au péril de ta vie.
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Non !
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Non ? Tu veux dire n’avoir pas tenté de désarmer Kyle Taylor en te jetant sur lui ?
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Si bien sûr, je l’ai fait.
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J’en étais sur !
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Michael, il menaçait ma femme !
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Il te suffisait d’appeler de l’aide, la police.
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Entre temps Angelina serait peut-être morte !
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Kevin, en d’autre circonstances j’aurais été fier de toi, mais là, Kevin, bon dieu, tu es sur un fauteuil roulant ! Comment as-tu fait pour marcher jusqu’à lui ?
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Je n’en sais rien. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir je te signale. Je vis cet homme dégainer en position de ma femme : je devais la protéger. J’ai réagi à l’instinct. Mets-toi à ma place, Michael, tu vois un homme pointer une arme sur la femme que tu aimes, comment réagirais-tu ?
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Probablement de la même façon que toi. Mais, Kevin, tu es paralysé. Tu aurais pu te blesser ou pire, il aurait pu te tuer aussi. Tes enfants, vos enfants, les tiens et ceux d’Angelina, se seraient retrouvés orphelins.
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Encore une fois, Michael, je n’ai pas eu le temps de réfléchir aux conséquences. J’avais devant moi un homme qui pointait une arme sur ma femme. Je ne sais même pas comment j’ai réussi à me lever de cette chaise roulante ni comment je suis arrivé jusqu’à lui. Un instant je me trouvais sur mon fauteuil roulant et l’instant d’après je m’écroulai dans les bras d’Angelina. Je ne me suis rendu compte de rien : rien du tout. Pourtant si je devais le refaire alors je le referais sans hésiter.
Michael le toisa avant de regarder sa montre.
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Je vais devoir y aller si je ne veux pas rater mon avion.
Kevin sourit.
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Je t’accompagnerais bien à l’aéroport mais je dois aller chercher les enfants de l’autre côté de la ville.
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Soit prudent, ne prends pas de risque inutile.
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Ne t’inquiète pas pour moi : j’ai une femme et des enfants qui ont besoin de moi. En parlant d’enfant, Michael, où en est le processus d’adoption ?
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C’est donc toujours d’actualité ?
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Plus que jamais. Angelina et moi voulons une famille nombreuse.
Quand Angelina entra elle trouva Kevin assis sur le sofa.
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Désolée d’avoir été si longue il y’avait un monde fou dans les caisses, dit-elle en se penchant sur lui pour l’embrasser. Où sont les enfants ?
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Les grands font leurs devoirs quant aux plus petits ils jouent dans leur chambre avec Utah.
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Ok. Je vais aller finir de décharger la marchandise et préparer le diner. Un poulet aux raisins cela te dit ?
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Ce sera parfait.
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Cool ! dit-elle en se levant.
Quand Kevin la rappela.
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Angelina, attends !
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Qu’y a-t-il ? Tu as changé d’avis pour le diner ?
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Cela n’a rien à voir avec le diner. Viens t’assoir près de moi, s’il te plait, nous devons parler ou plutôt il faut que je parle.
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Ok, dit-elle en s’asseyant.
Kevin lui prit la main.
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Chérie, après avoir longuement réfléchi, j’ai pris une décision : je veux retrouver l’usage de mes jambes !