Shirel poussa un cri d’effroi. Eliott venait de se tirer une balle dans la tête sous ses yeux. En entendant la deuxième détonation suivie du cri d’horreur de sa fille, Angelina tourna son regard dans la direction d’où venait le bruit et vit avec horreur la tête de l’homme recouverte de sang et sa fille tétanisée. Elle se précipita vers elle et la serra dans ses bras.
-
Ne regarde pas, chérie.
Alana couru vers sa sœur.
-
Shirel !
Apeurée, sous le choc, Shirel était comme dans un autre monde.
-
Maman ! dit Lisandro qui avait assisté à toute la scène.
-
Princesse, l’ambulance va arriver.
-
Il est mort n’est-ce pas ? Il est vraiment mort maintenant ?
-
Oui, Lisandro, il est mort.
-
Il ne pourra plus nous faire du mal en enlevant Shirel ou menaçait Alana avec une arme.
-
Non, chéri, il ne le pourra plus, dit-elle tout en regardant sa fille ainée qui était totalement sous le choc.
Angelo eut à peine le temps de finir sa phrase que les ambulanciers arrivèrent au chevet de Kevin. Tétanisée Shirel ne disait mot. Son regard fixé sur le cerveau d’Eliott parsemé sur le tapis.
-
Ne regarde pas, chérie dit sa mère en lui détournant le regard en la serrant dans ses bras.
Les ambulanciers s’apprêtaient à transporter Kevin à l’hôpital s’adressèrent à Angelina.
-
Nous allons transporter votre mari à l’hôpital afin d’y être opéré. La balle a touché les parois abdominales, nous devons nous assurer qu’aucune fonction vitale n’ont été touchées.
-
Je viens avec vous. Papa, tu veux bien garder les enfants en les emmenant loin d’ici ?
-
Bien sûr.
-
Mon ange, est ça va aller pour toi ?
-
Oui, Maman. Je vais bien, ne t’inquiète pas pour moi. Il ne m’a pas touché.
-
Shirel, ma chérie, je dois aller avec Papa dans l’ambulance.
-
Je m’occupe d’elle, dit Angelo en attirant sa petite fille vers lui qui tel un automate mais la petite fille s’accrocha à sa mère.
-
Je la prends avec moi. Les enfants, vous allez rester avec Grand-père tandis que Shirel et moi irons à l’hôpital avec Papa.
-
Je regrette, Madame, mais il n’y a qu’une seule place dans l’ambulance.
-
En ce cas je vous suivrai avec ma voiture. Tu viens, chérie ?
***
À son arrivée à l’hôpital Kevin fut immédiatement pris en charge par les médecins urgentistes tandis qu’Angelina resta avec sa fille dans la salle d’attente. Toujours sous le choc la petite fille ne parlait pas.
-
Ça va aller, mon ange, Maman est là et Papa va s’en sortir, tu verras et Eliott ne te fera plus jamais de mal.
Angelina serra sa fille dans les bras et lui donna un baiser.
-
Angelina !
-
Michael ? Que fais-tu ici ?
-
Angelo m’a appris ce qui s’était passé. J’ai alors sauté dans le premier vol et me voilà. Comment va Kevin ?
-
Il a été transporté au bloc opératoire, je n’en sais pas d’avantage.
Michael se pencha vers sa nièce qui se refugia contre sa mère qui la serra un peu plus.
-
Ça va aller, ma chérie, Michael ne va pas te faire du mal. Jamais plus personne ne t’en fera.
C’est alors qu’Angelina vit le médecin qui s’avança vers elle.
-
Êtes-vous de la famille de Kevin Fisher ?
-
Je suis Angelina Fisher. Docteur, comment va mon mari ?
-
Votre mari va bien. Par chance aucun organe vital n’a été touché. Nous avons réussi à extraire la balle sans causer aucun autre dommage.
-
Alors il va bien ?
-
Il devrait pouvoir s’en sortir, rassurez-vous.
-
Puis-je le voir ?
-
Il est encore endormi à cause de l’anesthésie mais je n’y vois pas d’objection.
-
Tu as entendu, ma chérie, Papa va guérir, dit Angelina en souriant.
Mais la petite fille resta sans réaction. Angelina la serra contre elle et lui donna un baiser.
-
Veux-tu que nous allions le voir ?
La fillette resta sans réaction.
-
Angelina, mieux vaudrait que tu ailles voir Kevin toute seule pour le moment. Je reste avec Shirel, ne t’inquiète pas.
Angelina hésita.
-
Va voir Kevin ! Ma nièce et moi avons un tas de chose à nous dire, n’est-ce pas Shirel ?
-
Je ne saurai pas longue.
Elle se pencha vers sa fille et lui donna un baiser.
-
Je vais voir Papa. Reste avec Oncle Michael, d’accord, chérie ? Prend soin d’elle, Michael, je compte sur toi.
-
Ne t’inquiète pas, ça va aller. Hey, Angelina, dit-il alors qu’elle tournait le dos pour se rendre dans la chambre de Kevin.
-
Oui ? dit-elle en se retournant.
-
Dis à mon frère qu’il me doit une partie de jeu vidéo.
Angelina sourit et rentra dans la chambre de Kevin qui commençait à se réveiller.
-
Angelina, dit-il d’une voix encore faible.
-
Je suis là, mon amour. Comment te sens tu ? dit-elle en lui prenant la main avant de l’embrasser.
-
Cette sale petite ordure ne m’a pas loupé.
-
Dieu merci aucun organe vital n’a été touché.
-
Alana. Comment va notre fille ?
-
Bien, elle va même très bien étant donné les circonstances.
-
Shirel, comment va notre fille ? J’ai été trop dur avec elle. S’il te plait, dis-moi qu’elle n’est pas repartie avec ce type ?
-
Non. Non, mon amour, non. Tu n’as pas à avoir peur. Notre fille est ici, elle est là dehors avec Michael.
-
Michael est ici ?
-
Oui, Papa l’a prévenu, il a pris le premier vol pour Salt Lake city, a sauté dans un taxi et il est venu.
-
Et Alana ? Chérie, donne-moi des nouvelles des enfants.
-
Ils vont tous très bien, ne t’inquiète pas pour nos enfants. Ils sont avec Papa. Seule Shirel et moi sommes là.
-
Je veux la voir. Je veux lui parler. Pourquoi n’est-elle pas rentrée avec toi ? Est-ce elle m’en veut ? Je n’aurais pas dû lui parler comme je l’ai fait. J’ai été trop dur avec elle. J’ai eu peur à cause de ce type pour nos autres enfants et j’ai oublié qu’elle est elle aussi une enfant. S’il te plait, chérie, dis-moi qu’elle n’a pas l’intention de retourner avec cette ordure. Ou est-il d’ailleurs ? Est-ce la police l’a arrêté cette fois ?
Kevin commençait à s’exciter ce qui augmenta le mouvement cardiaque.
-
Calme-toi, chéri, ce n’est pas bon pour toi de s’exciter de la sorte.
-
Angelina, je veux voir notre fille. Je veux lui dire que je l’aime et je lui demande pardon de lui avoir parler comme je l’ai fait. Je ne veux pas qu’elle s’en aille. Ce type la manipule, il ne l’aime pas.
-
Je sais, mon amour, mais tu n’as pas à t’inquiéter car cette sale petite ordure ne pourra plus s’en prendre à notre fille ni à qui que ce soit d’autre : il est mort.
-
Mort ?
-
Mort. Nous sommes enfin débarrassés de lui pour toujours.
-
Est-ce la police l’a tué ?
-
Pas la police non. Il s’est tué avec son revolver lorsqu’il a compris que Shirel ne reviendra jamais avec lui.
-
Il s’est suicidé ?
-
Oui.
-
Est-ce Shirel…
-
Oui. Oui elle a vu mettre fin à ses jours. Figure-toi que cette ordure a interpellé notre fille qui était venue à ton chevet lorsque tu t’es effondré et elle a vu ce sale type se tirer une balle dans la tête.
Malgré son état Kevin fulmina et se redressa.
-
Suicidé ? Cette ordure s’est suicidée sous les yeux de notre fille ? Jusqu’au bout il l’aura donc faite souffrir.
-
Kevin, mon amour, calme toi, chéri, tu ne dois pas t’exciter comme tu le fais.
-
Comment va Shirel ? Elle tient le coup ?
-
Je ne sais pas, elle n’a pas dit un mot. Kevin, j’ai peur, j’ai terriblement peur pour mon bébé. Elle est encore tellement jeune mais elle a subi des choses que bien des adultes ne connaitront jamais. Que devons-nous faire, chéri ? Devons-nous la faire voir à un psychologue avec le risque que cela comporte ?
-
Pour risquer de tomber sur cette dégénérée d’Albright ? Il n’en est pas question ! Non, chérie, c’est à nous et nous seuls de l’aider ! Je n’ai pas su protéger mon enfant comme je le devais, j’ai failli à mon devoir de père mais cela va changer. Dès que je sortirai d’ici toi et les enfants saurez ma priorité.
-
Ne soit pas trop dur avec toi. Moi aussi j’ai fait des erreurs, aucun d’entre nous n’aurait pu prévoir ce qui allait se passer. La bonne nouvelle dans tout c’est qu’Alana et Lisandro ont enfin appeler leur sœur par son prénom et non ce sobriquet ridicule que cet ordure lui avait donné.
-
Merci, mon Dieu au moins pour ça. Où sont le reste de notre tribu ?
-
Avec Papa. Chéri, tu sais à quel point j’aimerais rester avec toi en attendant que tu sortes enfin de cette chambre d’hôpital, mais je ne veux pas laisser Shirel seule trop longtemps. Bien sûr elle est avec Michael mais elle ne le connait pas. Lorsque nous nous sommes réconciliés, elle n’était pas avec nous. Mon bébé a besoin de moi.
-
Bien sûr je le sais. Va la retrouver et dis-lui à quel point je l’aime et je sortirai bientôt. Dis-le aussi à Alana ainsi que nos autres enfants. Je les aime tous tellement fort. Quant à leur mère, je l’aime plus que la vie elle même
Angelina sourit, sa main dans celle de Kevin, se pencha sur lui et l’embrassa.
-
Bien sûr je leur dirai et moi aussi, je t’aime. A plus tard, mon amour.
Angelina sortit de la chambre de son mari et retrouva sa fille qu’elle s’empressa de serrer dans ses bras avant de déposer un baiser sur sa joue.
-
Bébé, Papa me charge de te dire qu’il est désolé de t’avoir crié dessus et à quel point il t’aime. Il va bien, mon ange. Il sera bientôt de retour avec nous.
Mais derechef la fillette resta sans réaction. C’est ce moment que choisirent sa sœur et son frère pour débarquer.
-
Maman !
-
Alana, Lisandro, que faites-vous ici ? Comment êtes-vous venus ?
-
Avec Grand-père. Comment va Papa ?
-
Papa, ou sont Kaylan et Grace ? Qui les garde ?
-
Molly.
-
Comment va Papa ? demanda Alana.
-
Il va bien. Il devrait pouvoir sortir demain ou après-demain.
-
Est-ce on peut le voir ?
-
Pas ce soir, Papa se repose. La journée a été longue pour nous tous, nous allons rentrer dormir un peu nous aussi.
En réalité Angelina ne voulait pas que Shirel voit encore son père couché dans un lit d’hôpital. Cette dernière ne réagissait toujours pas.
-
Michael, serais trop te demander…
-
Va te reposer avec les enfants. Je reste ici.
-
Merci, Michael.
-
Mais de rien. Kevin est mon frère et je l’aime.
-
Moi aussi je reste. Le réfrigérateur est rempli, si les enfants ou toi avez envie de quelque chose n’hésite pas. Utah a déjà mangé et sorti.
-
Merci, Papa.
Angelina était sur le point de partir lorsqu’elle entendit une voix familière qui l’appela.
-
Angelina !
-
Caroline ! Thomas ! Que faites-vous ici ?
-
Angelo nous a téléphoné. Nous sommes venus aussitôt. Comment va Kevin ?
-
Il va bien. Un peu secoué mais il va bien.
Angelina tenait par la main ses deux filles. Caroline leur sourit.
-
Comment vas-tu, Alana ? Ton grand-père m’a dit que tu as été très courageuse.
-
C’est grâce à ma sœur. Elle était prête à prendre ma place pour me protéger. Elle n’a pas eu peur du revolver.
-
Ta sœur doit énormément t’aimer pour faire une chose pareille.
-
C’est ma sœur jumelle.
-
Oui je sais.
-
Vous savez quoi, les enfants ? Lorsque votre père sera sorti de l’hôpital, vous devriez venir passer quelques jours à la maison. Douglas sera content de vous revoir.
-
C’est vrai, Oncle Thomas ?
-
Bien sûr que c’est vrai, Lisandro.
-
On pourra, Maman ?
-
Nous verrons ça quand Papa sera complétement rétabli. En attendant nous allons rentrer nous reposer. Caroline, Thomas, je vous remercie d’être venus et je vous prie de m’excuser mais la journée a été longue et compliquée.
-
Ne t’excuse surtout pas. Nous comprenons. Nous restons ici avec Angelo.
-
Michael…
-
Ne t’inquiète pas, s’il y a quoique ce soit je te ferai signe.
Avec l’arrivée des Forrester, Michael resta un peu à l’écart. De par son mariage avec Lauren il connut Eric Forrester, le patriarche de la famille, mais connaissait beaucoup moins la jeune génération et à fortiori Thomas et Caroline Forrester qui avait en quelque sorte prit sa place dans la vie de son frère et sa famille. D’une certaine manière il en éprouvait de la jalousie mais d’un autre savait qu’il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Mais Dieu merci, tout ceci était une vielle histoire désormais et ses rapports avec son frère et sa belle-sœur n’avaient jamais été aussi bon.
***
-
Maintenant que les enfants sont partis, racontez-moi tout, Angelo, je croyais cet individu mort de sa belle mort depuis des mois !
-
C’est que tout le monde pensait, Thomas, or ce type nous a tous berné à commencer par ma petite fille qui a été jusqu’à porter son deuil.
-
Comment s’est-il introduit chez Angelina et Kevin ? Par effraction ? dit Caroline.
-
Shirel lui a ouvert la porte.
-
Je ne comprends pas, où se trouvait Kevin et Angelina à ce moment-là et pourquoi Shirel lui aurait-elle ouvert ? Savait elle qu’il était vivant ?
-
Non, Caroline : elle ignorait absolument tout. Kevin et Princesse étaient sortis ce soir avec leurs autres enfants. Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que les enfants ont eu du mal à accepter leur retour de leur sœur…
-
Papa ! J’ai eu ton message. J’ai sauté dans le premier vol en partance pour Salt Lake et j’ai aussitôt rappliqué. Comment va Oncle Kevin et Alana comment va-t-elle ? Je ne pige plus rien, je croyais cet ordure mort depuis de longs mois déjà.
-
C’est aussi ce que nous pensions tous, Fen, mais il n’en était rien.
Angelo n’avait pas fini ses explications qu’il fut interrompu par l’arrivée inopinée du fils de Michael. Fen.
-
Depuis des mois cette crapule d’Eliott Brown ou devrais-je plutôt dire Christopher Hamilton laissa croire à tout le monde et pour commencer à ma petite fille en sa mort. Mais en réalité il était encore en vie. Ce soir il a manipulé ma petite fille en la prenant par les sentiments, braqué une arme contre mon autre petite fille pour pouvoir ensuite se donner la mort sous les yeux de Shirel.
-
Comment vont Alana et Shirel ? dit Fen.
***
Couché dans une des chambres d’amis de chez son père, Angelina n’arrivait pas à dormir. Elle se rembobinait le fil de cette soirée où tout s’était précipité. Kevin et elle avaient eu tort de céder aux caprices de leurs autres enfants en ne prenant pas Shirel avec eux. S’ils l’avaient prise alors rien de tout ça ne serait arrivé. Ce monstre n’aurait pu s’introduire chez eux, ni menacer Alana et blesser Kevin. Dieu merci ses blessures étaient sans gravité et serait bientôt sur pied mais les enfants ? Arriveront t’ils à surmonter tout ce qui venait de se produire ? Alana arrivera-t-elle à oublier qu’un homme la menaça en lui plantant un revolver sur le temple ? Shirel réussira-t-elle à surmonter tout ce qui s’était produit depuis deux ans ? Cela avait beau leur briser le cœur à elle et Kevin mais ils savaient l’un et l’autre qu’elle avait aimé cet homme et le voir se donner la mort sous ses yeux… Angelina n’osait imaginer ce que sa fille devait ressentir.
***
Depuis sa chambre d’hôpital, Kevin pensait lui aussi à sa famille, particulièrement à ses deux filles avec néanmoins une pensée toute particulière pour Shirel avec laquelle il regrettait de s’être montré dur. Sa fille réussira-t-elle à lui pardonner et surtout surmontera-t-elle un jour totalement tout ce qui lui ait arrivé depuis deux ans ? Ses enfants pourront ils retrouver leurs rapports d’autrefois ?
***
Angelina entendit frapper à la porte.
-
Entrez !
-
Maman, tu dors ?
-
Non, ma chérie, je ne dormais pas. Viens !
-
Je n’arrive pas à dormir.
-
Tu revois ce qui s’est passé ce soir lorsque cet homme t’a menacé avec son revolver ?
-
Oui, mais pas que.
-
Chérie, je comprends que tu es eu peur, tu viens de vivre une expérience traumatisante et si tu veux en discuter je suis prête à t’écouter mais avant tout souviens toi qu’il ne pourra plus jamais te faire le moindre mal : il est mort, mon ange.
-
Je sais et moi je suis contente qu’il soit mort, seulement je pense que cela doit faire de la peine à Shirel. Elle avait porté son deuil longtemps lorsqu’elle revenue. Pourquoi est-ce elle l’aimait ? Cet homme était méchant. Il l’avait kidnappé, retenue prisonnière, nous a fait croire qu’elle était morte et pourtant elle ne voulait pas le quitter et ce soir elle voulait de nouveau partir avec lui.
-
Chérie, Papa et moi vous l’avons expliqué à ton frère et à toi : ta sœur est malade et c’est une maladie qui est très longue à guérir. Ceci dit je ne sais pas si elle voulait vraiment s’en aller où s’il avait juste dit ce qu’il voulait entendre pour qu’il te libère.
-
Qu’est ce qui va se passer maintenant qu’il est mort ? Est-ce elle va vivre avec nous comme avant ?
***
Dans la chambre qu’elle partageait avec sa sœur et son frère chez son grand-père, seule dans son lit Shirel avait les grands yeux ouverts revoyant Eliott tirer sur son père s’affalant sur le sol, avant de retourner l’arme contre lui se donnant ainsi la mort, le cerveau éclatant en plusieurs débris. Tout ceci étant naturellement de sa faute. Si elle avait été une meilleure petite fille, rien de tout ça ne serait arrivé. Non seulement son père ne serait pas en colère après elle, blessé et refusant de lui parler et Eliott serait toujours vivant. Tel un boomerang cette image d’Eliott se donnant la mort lui revenait sans cesse à l’esprit.
***
Angelina fut surprise par la question de sa fille et lui fit savoir.
-
C’est quoi cette question, Alana ? Naturellement ta sœur va habiter avec nous, où voudrais tu qu’elle aille ? Cette famille : notre famille se compose de Papa, toi, Lisandro, Kaylan, Grace et moi et aussi de Shirel. Elle est notre fille à Papa et moi et nous l’aimons autant que nous vous aimons. C’est ta sœur jumelle. L’aurais-tu oublié ?
-
Elle est tellement différente depuis son retour à la maison.
-
Bien sûr elle est différente. Elle a grandi tout comme toi, Lisandro ou encore Kaylan et Grace.
-
C’est pas ça, elle est différente c’est tout. Avant j’arrivais à ressentir ses émotions, plus maintenant. Et puis ce soir elle a dit à cet homme qu’elle aimait et voulait vivre avec lui. Pourquoi a-t-elle dit ça ?
Angelina soupira. Elle serra sa fille dans ses bras et toutes deux finirent par s’endormir.
***
Quelques jours plus tard Kevin avait enfin l’autorisation de sortir de l’hôpital. Angelina se trouvait dans sa chambre pour le ramener chez eux, leur maison étant de nouveau habitable.
-
Tu m’as manqué, dit-il après l’avoir embrassé.
-
Toi aussi, tu m’as manqué. Mes nuits étaient vides sans toi.
-
Les miennes aussi. Mon amour, je sais bien que ces derniers temps nous n’avons pas vraiment eu beaucoup de temps pour nous deux, notre rôle de parent ayant pris le dessus et j’ai conscience que tout n’est pas réglé avec la mort d’Eliott, Christopher, enfin peu importe comment il s’appelait, mais avant tout je veux que tu sache combien je t’aime. Je t’aime chaque jour un peu plus et quand tout sera fini, lorsque notre fille ira mieux et les rapports entre nos enfants totalement rétablis, j’aimerais partir un peu seul avec toi, quelque part pour nous ressourcer et nous retrouver en tête à tête.
Pour toute réponse Angelina plaqua ses lèvres sur celles de Kevin et l’embrassa passionnément.
-
Je t’aime.
-
Je t’aime, moi aussi.
-
Maintenant dis-moi ce que tu me cache depuis plusieurs jours. Comment vont les enfants ?
-
Kaylan et Grace vont très bien. Dieu merci, ils ne semblent pas s’être rendus compte de quoi que ce soit. Ils ont juste voulu poser la question à savoir pourquoi nous dormions chez leur grand-père et pas chez nous, je leur ai répondu que la maison était en travaux et nous ne pouvions pas habiter là-bas durant cette période.
-
Très bien et qu’en est-il de Lisandro ?
-
Lisandro est en colère après Eliott et tout ce que notre famille a enduré par sa faute. Il lui en veut énormément mais fort heureusement il n’en parle pas devant Shirel.
-
Comment vont-elles Alana et elle ?
-
Alana va bien mais elle s’interroge beaucoup au sujet de sa sœur, de ce qui serait arrivé si Eliott ne s’était pas suicidé. Elle se demande si Shirel ne serait pas repartie avec lui. J’aimerais lui répondre mais je n’en connais pas la réponse.
Kevin soupira et serra Angelina dans ses bras avant de l’embrasser.
***
Angelina gara la voiture dans l’allée. Main dans la main, elle et Kevin rentrèrent chez eux. Il ne restait plus aucune trace de ce qui c’était produit la nuit d’Halloween, tout ayant été refait à neuf. Ceci étant Angelina s’inquiéta pour son mari qui du regard arpenta la pièce principale.
-
Ça va, chéri ?
-
Ça va, chérie, ne t’inquiète pas pour moi. Je repensais à ce qui s’est passé ce soir-là mais je vais bien.
-
Tu me le dirais s’il y’avait quelque chose qui n’allait pas ?
Kevin se tourna vers sa femme en souriant en lui prenant les deux mains dans les siennes avant de lui donner un baiser.
-
Mais oui, je te le dirais. À quelle heure ton père doit il ramener les enfants et Utah ?
-
Il ne devrait plus tarder à arriver maintenant. Ah bien tiens, justement le voilà, dit-elle en entendant la voiture de son père se garer.
Alana et Lisandro descendirent de la voiture et coururent vers la porte d’entrée où se trouvait leur père.
-
Papa, tu es revenu !
De ses bras, Kevin entoura ses deux enfants en souriant.
-
Comment vas-tu, ma chérie ? dit-il en prenant sa fille dans ses bras pour l’embrasser.
-
Je vais bien, Papa. J’ai eu peur au début mais c’est passé maintenant.
-
Papa, ou sont Kaylan et Grace ?
-
Contrairement à toi et ton mari, Princesse, ma voiture n’est pas équipée de siège auto. Je les ai laissés chez moi avec Michael.
Puis Shirel sortit de la voiture. Kevin descendit du perron et alla au-devant de sa fille ainée.
-
Shirel, ma chérie, je suis désolé, je suis tellement désolé, mon ange.
Seulement la fillette ne répondit pas. Son visage était vide et sans expression.
Kevin l’enlaça et se dirigea avec elle vers la maison. Lorsqu’ils entrèrent le regard des parents se concentra vers Alana qui revoyait la nuit où l’homme qui avait enlevé sa sœur jumelle quelques années auparavant maintenait une arme sur sa tête.
-
Ça va, ma puce ?
-
Ça va, Papa.
-
Il est mort n’est-ce pas, Papa ? Il est vraiment mort cette fois ?
-
Oui, Lisandro, il est vraiment mort, répondit-il laconiquement, ne sachant pas ce que Shirel pouvait éprouver ni même si elle comprenait.
-
Je vais aller chercher Kaylan et Grace. Chéri, je peux te laisser seul avec les enfants ?
-
Je suis un grand garçon tu sais, dit-il en souriant.
Angelina sourit.
-
Je ne serai pas longue. Je t’aime, dit-elle en déposant un baiser sur les lèvres de son mari.
-
Je t’aime aussi.
-
Je vous laisse moi aussi. Je vais profiter du jet des Forrester qui ont eu la bonté de demander à leur pilote de me conduire jusqu’à Reno où j’ai un client à voir.
***
La nuit était tombée sur Logan. Angelina se trouvait aux cotés de Kevin dans leur chambre à coucher. Couché côte à côte dans leur lit s’entretenant au sujet de leurs enfants.
-
Alana ne semble pas trop perturbé par ce qui s’est passé. Je craignais un peu son retour à la maison mais cela s’est plutôt bien passé.
-
Notre petite fille est très courageuse, mais je pense surtout que la mort de cet homme doit la rassurer.
-
Je le crois aussi. Que pense tu de notre autre fille ? De son comportement ? Crois-tu que nous devrions l’emmener consulter ?
Kevin soupira.
-
Je ne sais pas trop au juste. Elle en avait déjà vu une et regarde où cela nous a mené : une complice d’Eliott, je veux dire Christopher, enfin peu importe son nom.
-
Nous pourrions demander à la mère de Thomas Forrester le nom d’une de ses collègues en qui nous pourrions avoir confiance.
-
Angelina, non. Pas maintenant. J’aimerais d’abord que nous essayons de lui parler, nous ses parents, et si vraiment nous n’y parvenons pas nous demanderons à Taylor Forrester un nom à nous recommander. D’accord ?
-
D’accord.
Kevin la regarda amoureusement, l’embrassa puis lui lentement descendit jusqu’au lobe de son oreille, lorsque soudain ils entendirent crier.
- Je veux pas, je veux pas !
-
C’est Shirel ! s’écria Angelina.
Kevin se leva aussitôt du lit, enfila son pantalon de pyjama par-dessus son caleçon et couru dans la chambre de sa fille.
- Shirel, ma chérie, c’est Papa. Réveille-toi, mon ange. Je suis là.
- Je veux pas, je veux pas.
La petite fille tournait et se retourner dans tous les sens.
- Shirel, ma chérie, c’est Maman, réveille-toi, mon ange, tout va bien.
- Fait pas ça, non !
- Shirel, mon ange, réveille-toi, ma chérie. Maman est là, tout va bien, mon ange, réveille-toi.
La petite fille ouvrit enfin les yeux tout en regardant autour d’elle. Les yeux hagards avant de les refermer. Angelina et Kevin restèrent un moment auprès d’elle avant de se relever sur la pointe des pieds.
-
Elle dort maintenant, laissons-la dormir. Viens, allons-nous recoucher nous aussi.
-
J’aimerais rester encore un moment avec elle si cela devait recommencer…
-
Je ne le pense pas, cela fait un moment qu’elle dort maintenant. Il va bientôt faire jour, les enfants vont aller à l’école et tu as besoin de dormir un peu. Ces derniers jours tu n’as pas arrêté entre tes allés retour de la maison de ton père à l’hôpital, de l’hôpital à chez nous et de chez nous à chez ton père. Sans compter les occupations avec Kaylan et Grace. Allez, viens ! dit Kevin tout en lui tendant la main.
Angelina prit la main tendue par son mari tout en continuant de regarder sa fille.
-
Regarde là, Kevin, regarde là, elle est si paisible et si frêle en même temps. Jamais auparavant je n’avais ressenti autant d’inquiétude pour l’une de nos deux filles depuis le jour où nous avons quitté Genoa City mais depuis cette ordure…
Kevin la serra dans ses bras.
-
Je sais, mon amour. Moi aussi je m’inquiète pour notre fille mais pour le moment elle dort paisiblement alors laissons dormir et allons-nous aussi nous reposer. Si d’aventure ce genre de chose devait se reproduire nous aviserons. Je demanderais à Taylor Forrester le nom d’un de ses confrères dont nous pourrons être sûr. Même si je préférerais ne pas en arriver là et pouvoir lui venir en aide nous-même.
-
Moi aussi je n’ai pas envie de l’envoyer de nouveau consulter un psychologue après ce qui s’est passé avec le Dr Albright.
-
Nous verrons bien comment la situation évolue. Viens maintenant, allons dormir un peu.
Ils sortirent tous deux de la chambre qu’occupait Shirel depuis son retour lorsqu’ils tombèrent nez à nez avec…
-
Maman. Papa.
-
Alana, Lisandro, qu’est ce vous faites ici ? dit leur mère.
-
Qu’est-ce elle a Shirel ? Elle est encore triste parce que le bonhomme qui l’avait enlevé est mort ?
-
Quand est ce qu’elle va arrêter d’être triste pour lui ? Il n’est pas quelqu’un de notre famille et il nous a fait du mal.
-
Ta sœur ne voit pas les choses ainsi, Lisandro, mais de toute façon nous ignorons si son cauchemar est dû à ça ou à autre chose, et nous ne le saurons pas tant qu’elle n’aura pas retrouver l’usage de la parole. Mais pour l’heure il est temps pour vous deux d’aller dans votre chambre et dormir.
Les jours suivants Shirel refaisait tous les jours le même rêve mais dans la journée aucun son ne sortait de sa bouche et restait le regard toujours vide, obéissant aux ordres et s’exprimant par un simple hochement de tête. Un matin alors qu’Alana et Lisandro se trouvaient à l’école, Shirel était quant à elle devant la télévision avec Utah sur ses genoux. Kevin la regarda.
- Cela ne plus durer ainsi, mon amour, il nous faut de l’aide d’un professionnel. Nous avons tout essayer pour la faire parler mais nous n’y arrivons pas.
- Kevin, non pas maintenant. Attendons encore un peu.
- Attendre quoi, chérie ? Cela fait des semaines que cela dure. Elle ne parle pas en journée, tout juste si elle réagit à ce que nous lui demandons mais elle reste cloitrée sans réaction et toutes les nuits elle fait et refait le même cauchemar dont nous ignorons la teneur.
- J’ai peur, Kevin, j’ai terriblement peur de retrouver un charlatan comme Albright.
- C’est bien pour ça que j’ai l’intention de demander à Taylor Forrester le nom d’un de ses collègues dont nous pourrions être sûr.
Angelina le regarda. Il lui tendit ses bras vers elle pour l’attirer contre lui. Cette dernière posa sa tête contre le torse de Kevin qui lui caressa les cheveux.
- S’il y’avait un autre moyen je l’aurais employé. Tu sais à quel point j’aime notre fille.
Angelina sourit en le regardant.
- Tu n’as pas besoin de me le dire, je le sais déjà, dit-elle en donnant un baiser sur ses lèvres.
On sonna à la porte.
- Je vais ouvrir, dit Kevin.
- Non ! Non ! Papa, fait pas ça, je veux pas, je veux pas.
La petite fille qui regardait la télévision se mit soudains à hurler de terreur.
Angelina se précipita vers elle.
- Shirel, ma chérie, c’est Maman, calme-toi, mon ange, tout va bien.
- C’est Eliott, ne laisse pas entrer il va vous faire du mal à Alana et toi. Papa, je veux pas que tu meurs, Papa. Ne laisse pas entrer. Ne laisse pas entrer.
- Chut, calme toi, chérie, dit Kevin tout en épongeant le visage tout en sueur de sa petite fille. Ce n’est pas Eliott, mon ange, Eliott n’est plus là : il ne pourra plus te faire du mal. Jamais plus.
La petite fille regarda autour d’elle, les yeux hagards.
- Tout va bien, mon ange. Je suis là. Maman est là aussi. Nous là tous les deux, chérie. Maman et Papa sont là, n’aie pas peur, mon ange. Tout va bien. Maman et Papa sont là, dit-il tout en lui caressant le visage.
- Maman, dit-elle les larmes aux yeux.
- Oui, ma chérie, je suis là.
- Ou est Papa ? dit-elle en revenant à elle.
- Je suis là, mon bébé.
-
Papa, je suis désolée, je voulais pas ça. Pardon, Papa.
-
Mon bébé, dit-il en lui caressant sa tête, ce n’est pas de ta faute, mon ange.
-
Je voulais pas ça, Papa, je voulais pas ça, je voulais pas qu’il te fasse du mal. Je ne savais pas. Je ne savais pas qu’il allait vous faire du mal à Alana et toi. Je regrette, je suis désolée.
-
Mon ange, tu n’as pas être désolée. C’est moi qui le suis. Oui je suis désolé d’avoir crié après toi, de t’avoir parlé comme je l’ai fait.
-
Pourquoi il a fait ça ? Pourquoi il vous a fait du mal ? Je ne voulais pas ça, je voulais pas ça. Je ne voulais pas qu’il vous fasse du mal. Pourquoi est-ce il est mort ? Je ne voulais pas qu’il meurt. C’est de ma faute.
-
Ta faute, ma puce ? En quoi est-ce ta faute ?
-
Je voulais pas qu’il meurt. Le sang. Le sang. Il y’en avait partout. C’était horrible. Tout ce sang. Ton sang, Papa quand il a tiré sur toi et ensuite le sien. Son cerveau qui a sauté dans toute la pièce. Pourquoi il a fait ça ? Il était si gentil lorsque on était dans notre drôle de maison. Ce soir-là, le soir d’Halloween, lorsqu’il m’a demandé de partir avec lui, j’ai refusais. Je voulais rester à la maison avec vous mais aussi Alana, Lisandro, Kaylan, Grace et bien sûr Utah. Je lui avais dit de rentrer chez lui et qu’un jour il aurait sa famille. Mais il ne voulait pas. Il me voulait, il voulait que je retourne avec lui dans notre drôle de maison. C’est avec moi qu’il voulait avoir des bébés. Mais je ne voulais pas.
-
Des enfants avec toi ? Chérie, est ce qu’il t’a un jour obligé à faire quelque chose contre ta volonté ? Quelque chose que ni Papa ni moi n’aurions jamais fait avec toi ?
-
Non, Maman, non, dit elle a travers ses larmes. Il était gentil avec moi lorsque on habitait en Alaska. Il m’avait dit un jour que si je le quittais il se suiciderait. Je lui avais promis de ne jamais le quitter. Mais je n’ai pas tenu ma promesse. Je lui ai menti et ce soir-là je lui ai dit vouloir rester avec Papa et toi. J’ai été méchante avec lui et c’est pour ça s’il vous a fait tout ça. C’est à cause de moi. Pardon, Papa. Pardon.
-
Ma chérie, tu n’as pas à te faire de reproches, tu n’y es absolument pour rien.
-
Mais je l’ai laissé entrer à la maison. Je ne voulais pas au début mais quand j’ai compris que c’était lui j’ai été contente de le revoir parce que il était mon ami. Du moins c’est que je pensais avant qu’il ne devienne si méchant et s’en prenne à Alana et à toi, Papa. J’aurais dû vous protéger.
-
Nous protéger, chérie ? Tu n’es encore qu’une toute petite fille, mon ange. C’est à moi de te protéger et pas l’inverse. C’est notre rôle à Maman et moi et non le contraire. Ce soir-là nous n’aurions pas dû te laisser toute seule à la maison, tu aurais dû venir avec nous.
-
Nous n’aurions pas dû céder aux caprices de ta sœur et ton frère.
-
Ce n’est pas de votre faute. C’est la mienne. Depuis mon retour à la maison tout va travers. Je n’arrête pas de vous faire de la peine à Papa et toi, ensuite Papa tombe dans la rivière, Alana a failli mourir d’une balle dans la tête et Papa aussi. Et finalement Eliott s’est donné la mort par ma faute. Si j’avais été une meilleure petite fille rien de tout ça ne serait arrivé.
-
Non, mon trésor, tu n’as aucun reproche à te faire. L’unique responsable de tout ça c’est Eliott. Je sais bien que tu n’aimes pas entendre ça mais c’est pourtant la vérité. Chérie : il t’a enlevé, retenue prisonnière dans une cave avant de t’emmener loin de nous en nous laissons croire que tu étais morte et à toi que nous ne t’aimions plus, alors qu’on t’aime, mon ange, nous t’aimons Maman et moi plus que tout au monde.
La fillette pleurait.
-
Je n’avais jamais pensé à tout ça. J’avais oublié mes semaines passées dans la cave. Je m’en souvenais plus du tout. Je me rappelais seulement de ma vie avec lui dans notre drôle de maison perdue au milieu de la forêt à Talkeetna.
Kevin sourit.
-
Tu es bien la fille de ta mère, il n’y a aucun doute là-dessus. Tu ne retiens que ce qui il y’a de meilleur en chacun de nous et tu pardonnes. Si ta mère n’avait pas pardonné à l’idiot que j’ai été nous ne nous serions jamais mariés et nous ne vous aurions pas eu ni toi, ni Alana, ni Lisandro, ni Kaylan, ni Grace.
-
Et ni Utah, dit-elle en souriant à travers ses larmes.
-
Ni Utah c’est vrai.
-
Il ne faut pas oublier Utah, il fait partie de la famille.
-
Bien sûr tu as raison : Utah est un membre de la famille Fisher. Mais tu sais, Papa oublie lui aussi qu’il a le sens du pardon. Il aurait pu me trainer en justice après notre premier mariage, je l’avais piégé et entrainé hors de la ville le jour de son mariage. Pourtant il ne m’en a jamais tenu rigueur. Tu vois, tu tiens autant de Papa que de moi.
-
Oui mais Eliott ne m’a pas forcé de partir vivre à Talkeetna. Je l’ai suivi volontairement.
-
Parce que il t’avait menti en prétendant que nous ne t’aimions plus autrement tu ne l’aurais pas suivi. N’est-ce pas ?
-
Oui, Maman. Il disait que j’étais sa petite Eliotta chérie, c’est comme ça qu’il m’appelait : Eliotta chérie. Eliotta chérie. Mais il mentait. Il mentait tout le temps. Jamais il ne m’a aimé, tout ce qu’il voulait c’était vous faire du mal à Papa et toi. Il a réussi. Je vous ai fait beaucoup de mal. Je suis désolée. Je suis vraiment désolée.
-
C’est fini, mon bébé, n’y pensons plus. Tu es revenue et c’est tout ce qui compte, dit Kevin en serrant sa fille dans ses bras.
-
Je t’aime, Papa.
-
Moi aussi, je t’aime, chérie.
Mais la nuit venue Shirel refit le même rêve.
-
Laisse-moi ! Non ! Je ne veux pas partir. Fait pas ça, non, Eliott !!!!!!!!!!!!!
Angelina accourue et serra sa fille dans ses bras, tandis que Shirel se débattait de toute ses forces.
-
Chérie, chérie, calme toi. Tu as fait un cauchemar.
-
Maman, dit-elle en se réveillant. Où est Papa ?
-
Je suis là, mon ange.
-
Papa ! dit-elle en se jetant dans ses bras. Papa, j’ai eu tellement peur.
-
Tu as fait un cauchemar mon ange, cela nous arrive à tous.
Shirel secoua de la tête.
-
Cela n’avait rien d’un cauchemar, c’était bien réel. Il était là, Eliott était là. Il nous espionnait, il dit que non mais c’était un mensonge. Il nous espionnait. Il savait que j’étais seule cette nuit-là, c’est comme ça qu’il est entré. Il connaissait toute notre vie.
Shirel resta un moment silencieuse le regard perdu dans le vide.
-
Le sang. Le sang. Le sang. Il y’en avait de partout. Ton sang, Papa et celui d’Eliot. Il t’a tiré dessus et tu es tombé. Ensuite, ensuite… Papa, j’ai eu tellement peur ! Il y’avait plein de sang dans toute la pièce, sur le tapis, sur les murs. Et ses vaisseaux. C’était affreux, c’était horrible. Papa ! dit-elle en éclatant en sanglot en se jetant dans les bras de son père.
-
Chut, calme toi mon bébé, calme toi, mon ange. C’est fini, mon bébé, calme toi, c’est fini. C’est fini, mon bébé, dit-il tout en lui caressant ses longs cheveux.
-
Je veux pas que tu meurs, Papa.
-
Rassure-toi, mon ange, je n’ai pas l’intention de mourir avant très longtemps. Pas avant que vous soyez tous adulte, mariés, bien implantés dans vos vies et que vous ayez chacun vos familles.
-
Je n’aurai jamais d’enfant. Eliott voulait que nous ayons mais je ne voulais pas.
-
Eliott voulait des enfants avec toi ? Chérie, est-ce il t’a un jour demandé… Mon ange, comment se comportait-il avec toi lorsque vous viviez que tous les deux ?
-
Je te l’ai dit, Maman : il a toujours été gentil avec moi.
-
Est-ce tu prenais ta douche seule ? Et le soir quand tu étais dans ta chambre, cela lui arrivait-il de venir te voir ?
-
Non, Maman, non. Il ne venait jamais. Il savait que je savais me doucher toute seule et j’avais tout le dernier étage de notre drôle de maison.
-
Pourtant le jour où nous t’avons retrouvé tu lui faisais des choses… tu l’embrassais son…son…
Kevin ne parvint pas à terminer sa phrase, effrayé qu’il était d’imaginer sa petite fille en train d’avoir des rapports sexuels à son âge.
-
C’était la seule fois où il m’avait demandé de lui faire quelque chose que je ne voulais pas. Il disait que Lisandro lui avait fait mal et qu’il ne pourrait aller mieux que si j’embrassais son… Je ne voulais pas mais je l’ai quand même fait parce que je voulais qu’il aille mieux.
-
Mon cœur, écoute moi bien : ne laisse plus jamais, jamais plus, personne t’obliger à faire quelque chose que Maman ou moi ne te demanderions jamais.
-
Est-ce qu’il te parlait souvent d’avoir une famille avec toi ?
-
Non, Maman. Il ne m’en avait jamais parlé avant cette soirée-là. Il disait m’aimer et vouloir une famille avec moi mais moi je ne voulais pas. Je ne veux pas avoir d’enfant, jamais !
-
Chérie, ce qu’Eliott t’a dit est mal, très mal. Il n’avait pas à te pas à te dire une chose pareille. Tu n’es encore qu’une petite fille par mais ce n’est pas parce qu’il s’est mal comporté que tu dois te braquer en affirmant des choses pareilles. Un jour tu rencontreras un homme dont tu tomberas amoureuse et qui t’aimeras également alors peut-être vous marierez vous et auriez alors envie de fonder une famille mais il faudra que ce soit votre envie à tous les deux.
-
Ce fut votre cas à Papa et toi ?
-
Oui, mon ange. Lorsque je suis tombé amoureux de ta mère et nous nous sommes mariés, nous avons très rapidement voulu fonder une famille.
La petite fille baissa les yeux : le regard triste.
-
Papa, je peux te demander quelque chose ?
-
Bien sûr, chérie.
-
Ne m’appelle plus jamais Eliotta. Je déteste ce prénom. Je ne voulais pas faire de la peine à Eliott mais je n’ai jamais aimé ce nom.
-
Pardon, chérie, j’ai été maladroit, je n’aurais jamais dû t’appeler ainsi. J’étais en colère et j’avais peur pour tes frères et sœurs mais cela n’est en rien une excuse. Je regrette, mon bébé. Est-ce tu veux bien pardonner à ton vieux père ? dit-il en souriant.
Pour la première fois depuis des mois Shirel sourit.
-
Bien sûr, Papa, dit-elle en se blottissant dans ses bras.
-
Je t’aime, mon bébé.
-
Je t’aime aussi, Papa.
Kevin l’embrassa sur son front.
-
Il est vraiment parti maintenant ? Il est vraiment mort ? Il ne pourra plus nous faire du mal ?
-
Non, mon ange. Il ne le pourra plus.
-
Papa !
-
Oui ?
-
Je n’ai jamais voulu m’en aller. Je voulais seulement qu’il libère Alana alors je lui ai dit ce qu’il voulait entendre mais je voulais rester à la maison avec vous tous si tu es d’accord, Papa ?
Kevin sourit.
-
Bien évidement je le suis. Mon ange, tu es mon bébé et tu le seras encore lorsque tu deviendras mère. Tu resteras pour toujours mon bébé et je t’aime, mon ange.
-
Moi aussi, je t’aime, Papa.
-
Allez, essaye de dormir un peu maintenant.
-
Maman, s’il te plait, tu veux bien me chanter une chanson comme tu le faisais lorsque nous étions toutes petites Alana et moi.
Angelina sourit.
-
Bien sûr, mon ange.
***
-
Elle dort ?
Demanda Kevin à Angelina lorsqu’elle le rejoignit dans leur lit.
-
Oui. Je pense que ses peurs se sont évaporées. Elle craignait qu’on lui en veuille d’avoir eu de l’affection pour cet homme mais ce dernier soir il lui a vraiment fait très peur. Elle était en colère après lui de s’en être pris à sa sœur et à toi mais sa colère s’est effacée au profit du choc de voir tout ce sang et tous ces vaisseaux. Tout ce que j’espère c’est que cette image ne la hantera pas encore longtemps.
-
Si tu savais comme je hais ce type. S’il n’était pas déjà mort je l’aurais réduit en lambeau pour s’en être pris à ma petite fille adorée. Pourtant d’un autre coté c’est à moi que j’en veux le plus. C’est ma fille et je n’ai pas su la protéger. Pire j’ai été en colère après elle au point où elle en est arrivée à se demander si elle avait toujours sa place au sein de notre foyer. Quel genre de père suis-je, Angelina, pour avoir fait subir une telle peur à mon enfant ?
-
Kevin, tu es un excellent père, nos enfants t’adorent. Parfois tu commets des erreurs mais c’est humain. Il n’existe aucun mode d’emploi pour nous apprendre à être des parents parfaits. Shirel a compris que tu ais eu peur et qu’au fond de toi tu étais blessé qu’elle ait pu considérer un autre que toi comme son père. Elle sait maintenant que tout cela est dû à l’amour que tu as pour elle et non l’inverse.
-
Lorsque je l’entendais dire à ce type que nous ne l’aimions plus et voulait repartir avec lui… chaque mot me déchirait le cœur car je ne savais pas si elle le pensait ou si elle disait cela uniquement pour qu’il libère sa sœur.
-
Je sais, moi aussi je me posais la même question. Dieu merci tout ça c’est derrière nous désormais. Shirel est de retour parmi nous et cette crapule d’Eliott Brown ou quelque puisse être son nom, ne pourra plus jamais nuire à personne. Notre vie de famille va pouvoir reprendre. Bien sûr nous ne pourrons jamais rattraper les deux années perdues mais nous pourrons aller de l’avant et nous reconstruire.
-
En parlant de ça, demain je parlerai à Alana au sujet de la chambre. Il est hors de question que Shirel continue de dormir au grenier. J’avais accepté pour ne pas les brusquer l’une et l’autre, mais c’est fini maintenant. Comme tu viens de le dire, chérie, notre famille va se reconstruire.
Angelina le regarda avec un regard langoureux.
-
Je t’aime, Kevin Fisher.
-
Je t’aime aussi, Angelina Fisher.
Ils s’embrassèrent langoureusement.